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Trop de colis chinois en France ? Le gouvernement veut lutter contre Shein, Temu et les autres


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Face au raz-de-marée de colis chinois à bas coût, le gouvernement français propose une redevance sur chaque envoi dès l’année prochaine. Objectif : financer des contrôles renforcés avant la fin des exonérations fiscales prévue par l’UE en 2028.


L'Europe sous pression face à l'avalanche de colis chinois


En 2024, 4,6 milliards de petits colis d'une valeur inférieure à 150 euros ont pénétré le marché européen. Une cadence de 145 colis par seconde, dont 91 % venus tout droit de Chine. En France, ce sont 800 millions de ces envois low-cost qui ont été livrés, dopés par la croissance explosive de plateformes comme Shein et Temu. Résultat : un commerce local très fragilisé, des règles fiscales contournées et une explosion des produits non conformes. Le tout dans un contexte de guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, qui pousse Pékin à rediriger ses flux vers l’Europe.


Bercy a un plan !


Le gouvernement a donc présenté à Roissy un plan destiné à freiner l’afflux de ces colis bon marché. La mesure phare ? L’instauration, dès 2026, d’une redevance forfaitaire sur chaque petit colis en provenance de pays extérieurs à l’UE. Le montant, estimé à « quelques euros », ne serait pas à la charge des consommateurs, mais des plateformes et importateurs. Cette recette financerait l’intensification des contrôles douaniers et sanitaires, en forte augmentation chaque année. C’est une solution transitoire, en attendant la réforme de l’union douanière européenne prévue en 2028.


Un vide réglementaire devenu une autoroute


Depuis 2010, les colis de moins de 150 euros envoyés depuis un pays hors Union européenne sont exonérés de droits de douane, au nom de la « fluidité douanière ». Mais face à la montée en puissance du e-commerce chinois, cette franchise est devenue un véritable angle mort réglementaire.


Les colis arrivent en masse, souvent sous-évalués ou mal déclarés, et ils échappent bien sûr à la TVA et aux normes de sécurité. Quand ils sont contrôlés, 94 % se révèlent non conformes, dont 66 % jugés dangereux, selon les douanes françaises. C’est énorme, et vous imaginez l’ampleur de la tâche pour les douanes.


Shein et Temu dans le collimateur


Basées à Singapour pour Shein et en Chine pour Temu, ces deux plateformes concentrent l’essentiel des critiques. Ventes à prix cassés, livraison directe depuis l’Asie, faible transparence sur la conformité des produits : elles incarnent le modèle de l’ultra fast-fashion et de la surconsommation low-cost.


Ensemble, Shein, Temu et Amazon représentent aujourd’hui un quart des ventes de mode en ligne en France. La Commission européenne enquête sur les deux premiers pour des manquements aux normes et pratiques commerciales douteuses.


Dès 2025, le ministère de l’Économie promet un triplement des contrôles sur les colis à risque, en priorité les cosmétiques, jouets, équipements électroniques ou médicaux. Ces opérations seront menées conjointement par la DGCCRF et les douanes, avec ciblage renforcé sur les plateformes à « risque systémique » : fraude à la TVA, produits dangereux, non-respect des normes sociales ou environnementales. À terme, l’objectif est d’aligner la réglementation européenne pour supprimer totalement la franchise douanière sous les 150 euros d’ici 2028.


Est-ce déjà trop tard ?


Si les associations de commerçants saluent enfin une prise de conscience, elles dénoncent quand même une action trop tardive. « Ce sont des propositions déjà sur la table depuis février », critique Yohann Petiot, directeur de l’Alliance du Commerce. Pour lui, la situation exige des mesures immédiates, comme le déréférencement des plateformes non conformes, comme ça a été le cas pour Wish en 2021. Il dénonce une inaction chronique, alors que « n’importe quel magasin physique aurait été fermé » face à un tel taux de non-conformité.


La croissance des plateformes chinoises se double d’une stratégie offensive : Temu aurait augmenté son budget marketing en Europe de 30 % depuis le début de l’année. Ce basculement des flux commerciaux vers l’Europe, à la suite du triplement des droits de douane américains, est déjà visible.


Pour la France, l’objectif est autant de protéger les consommateurs, que défendre le commerce local, l’équité fiscale et les normes sanitaires. Le gouvernement mise sur l’effet levier d’une coalition européenne pour imposer la redevance d’ici 2026.

 
 
 

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